The road movie of le été : L'Eurolambretta 2006 !

Hello à tous,
Ci-dessous, après discussion avec Mr Admin class, une copie du résumé de l'Eurolambret écrit pour un forum de vieux clous ami. N'étant pas destiné à des scooteristes exclusivement, certains éléments vous paraitrons peut-être évidentissimes...pour info.

Vous l'avez peut être déjà lu via des forward et des liens ailleurs....Au cas ou se serait une copie inutile, merci de nous le faire savoir , notre Adminclass national pourra le faire disparaitre immédiatement grâce à ses super-pouvoirs!

En espérant vous amuser malgré tout

Introduction :
On aura rarement vu un eurolambretta sous des auspices aussi bizarres. Habituellement l’Eurolambret c’est le rassemblement Européen de la marque disparue en 71. Itinérant chaque année, c’est un évènement attendu par tous les enthousiastes de la marque . Par enthousiastes entendons deux modèles :

-Les collectionneurs , avides de quomodos d’époques et d’accessoires rares, leurs remorques fendent la bise sur toutes les autoroutes d’Europe pour rejoindre l’évènement.

- Les malades mentaux, épris de tarmac et de vibrations, parfumés au vapeurs de deux temps, haletants à l’idée de faire l’intégralité de la route sur des deux roues obsolètes et peu confortables, qui plus est souvent remontés par eux-mêmes . Majoritairement mais pas exclusivement Britanniques , ils se reconnaissent au genou droit de leur jean souvent plus décoloré que le gauche , allez savoir pourquoi….

Bref , l’annonce de l’Eurolambret en France a généré des réactions pour le moins antagonistes. La plupart des lambrettistes Européens ont été enchantés, tant la réputation de nos routes, notre gastronomie et notre vin sont bonnes à l’étranger . Cependant certains ont tempéré leur joie par des soupçons de « collectionnisme » aigu à l’égard du
Lambretta club de France, souvent surnommé le LD club de France….
Jusqu’au dernier moment , les inscriptions ont fluctué, particulièrement dans la seconde frange de la population….



Pour être honnête, les membres de Lambretta club de France avaient déjà compris au fil des années que une bonne part des lambrettistes ne se contentaient pas de discuter de pièces détachées dans une ambiance kermesse, mais que des soirées avec moultes bières et musique étaient nécessaires aux plus jeunes d’esprit.
Ils nous avaient d’ailleurs contactés pour les aider à « actualiser » leur concept surtout vis-à-vis des Anglais .
Une fois contact pris , ils nous dire finalement avoir résolu le problème , grâce à un gendre parlant Anglais pouvant accueillir les dits énergumènes au rallye.
Bien …. Dès lors nous aussi partagions les inquiétudes de nos camarades…. Perso je me permis d’insister un peu pour l’organisation d’un stand dépannage sur place avec tables et un marchand de pièces détachés à proximité.

Il ne restait plus qu’à attendre le mois de Juin pour lever le doute….

A suivre…

Episode I : La préparation

Quelques semaines avant la date, je rappelle le LCF pour m’inscrire et apprendre qu'on attend finalement 650 personnes dont 300 rosbeefs environ...

Je peux enfin m’occuper de mon voyage.
A priori cela semble jouable, pas de ferry à prendre ( ca change) , 360 km jusqu’au site, mon Lambret se porte pas mal . La seule question c’est comment gérer Clermont-Ferrand et quelle est la topographie dans la zone d’approche ; ça monte vraiment beaucoup ????
Bah on verra bien, en 2001 on avait bien traversé le Jura pour l’Eurolambret en Suisse ( ca montait fort !).

Une semaine avant, mauvaise nouvelle. Les amis avec qui je roule parfois ont déjà réservé leurs hotels et leur route avec des dates plus larges que les miennes. Ne pouvant élargir mon congé, et n’ayant pas budgeté d’hotel, je me retrouve donc seul pour faire le chemin…
Bah on verra bien, c’est pas la première fois que je fais de la route tout seul .
L’idée, c’est partir Jeudi aprèm, dormir chez mon pote Jean-Ba (propriétaire d’un splendide rallye200) à Sancerres et tracer vendredi matin pour Issoire.



Bon….. y’a plus qu’à faire son sac, le plus petit possible bien sûr , remplir la boite à gants avec de l’huile ( 1.2 litres) , des outils( tournevis,clé à cliquet, douilles, rallonge cardan,pince à circlip, clés allen, pinces, clé de 27, seringue, petit mano, pompe à velo, clé à bougie, clé anglaise , sélection de clés plates et bien sûr la masse caoutchoutée !) et toutes les petites pièces de rechange possibles ( écrous, dominos, vis, arrêtoir de cable, rondelles, bougies, câble de bougie, câbles divers, pot de graisse) . Comme vous le constater l’étonnante fiabilité des véhicules Italiens permet de partir avec presque rien.
Cependant, en refermant la boite à gants (difficilement) j’oublie deux choses : la loctite et la pâte à joint .
Voilou, y’a plus qu’à attendre demain, quitter le boulot le plus tôt possible, charger le scoot et partir.
Bon sang de bonsoir ça va chier !

A suivre…

... la suite... la suite... "onZeRoad"... ave' les camions... & tout & tout
(& la version IoW -> Exclu Elégant !)

Episode II : Le départ.

Après une journée de travail ou comme toujours avant un départ avancé , tout concourt à me charger la mule plus que de raison, je bâche à peu près à l’heure prévu.
Le temps de charger le scoot et me voilà prêt.

Vu de profil ca semble pas mal…



De dos on se rend bien compte que y’a un peu de matos quand même. Le sac vert, même si ca ressemble à la trousse à outils minimum pour une promenade en Harley d’un samedi aprèm, c’est mon sac perso. Sa glissière est protégée contre la pluie par ma toile de tente et ses accessoires. L’ensemble est censé être étanche, je ne sacrifie donc pas à la tradition sccoteriste des bagages enrobés de sacs poubelles, dont les reflets sombres et moirés parent dans le vent les scooters d’un éclat sans pareil.


Le petit matériel dont l’accès rapide est parfois nécessaire ( carte, tenue pluie, lunette de soleil, gants de rechange etc….) est dans le petit sac à dos fixé sur la roue de secours ( acheté 5 € je crois chez decathlon, pile à la taille de la roue de secours, pour ceux qui auraient une roue dans le tablier…). Invisible sur la photo, l’itinéraire dans sa pochette plastique est ensuite fixé sur le dessus du sac , pour permettre sa consultation rapide pendant que je roule

Le ciel est assez sombre et un peu venteux, l’air est bien sec et chargé de poussière . Comme le vent est un peu frais et que je suis d’un naturel méfiant, je met mon très beau pantalon de pluie en gore tex avec coutures thermosoudé , en camouflage DPM de l’armée de sa gracieuse majesté ( acheté pour une bouchée de pain outre-manche ).
J’enfile ma veste en jean et un vieux bomber de route, coup de kick , départ, il est 17h30 , direction Sancerres pour une route d’environ 110 km .
Un scoot en vitesse de croisière à 90km/h, fait 70km réel dans une heure (puisqu'il y a des villages à traverser et des stop à marquer...), l’arrivée est donc prévue dans 1h35 soit vers 19h et des poussières.

J’entame ma descente vers le sud, juste après trainou, je vois quelques grosses gouttes tomber sur mes avant bras et rentrer dans le bomber comme dans une éponge…..mouais…..les conneries commencent.

A suivre…

( Dans l’épisode III , je vous parlerais de météo, de la politique d’aménagement territorial de la région et des vertus du gore tex)

Citation :

le petit sac à dos fixé sur la roue de secours ( acheté 5 € je crois chez decathlon,

... ça c'est noté :huummm:

Pour l'IoW je ne pense pas qu'il y aura un feuilleton d'écrit , car le rallye a été quasi parfait....donc peu de péripéties à conter.
Je ferais bientôt une mise ligne de Photos supplémentaires de M avec les commentaires assortis par contre .

Sinon , je poste d'autres épisodes de ce feuileton ci dès que j'ai un moment, si celà sied aux élégants bien sûr...

Episode III : vers Sancerres

Bon, arrivé à Chateauneuf sur loire , où pour trouver sa route il faut suivre les panneaux « toutes directions », une pause s’avère nécessaire…alors que je n’ai fait qu’une vingtaine de km….le mot « ridicule» sera-t-il le fil rouge de ce rallye ?
Un coup d’œil à la carte vu la signalisation locale, j’enfile ma veste de pluie du même métal que le pantalon et tout aussi chatoyante et je repars.
Je suis le court de la Loire pour m’apercevoir que c’est officiel , il pleut !
Une belle pluie fine, continue avec le petit vent qui va bien. Ah, et puis ça caille aussi , ne boudons pas notre plaisir.
La route est plutôt pas mal, des grandes lignes droites de village en village, parfois bordées de platanes ( et oui il en reste encore, pourtant certain s’évertuent à les faire abattre systématiquement, mais c’est un autre débat ), avec peu de circulation et surtout peu de camions .

On devrait faire un post sur nos amis routiers un jour , il y a tant à raconter.
Il y a une loi de la route qui dit que personne ne reste jamais derrière un scooter, quelque soit le type de route ou la vitesse, jamais. Qu’on roule à 90 ou à 110, que la route le permette ou pas, qu’il y est la place ou pas, le gars de derrière doit nous doubler, c’est OBLIGE !
En général, comme cet état de fait est du à un calcul « scooter= 50 cc= vélo » doublé d’un « moi y’en a plus gros, donc lui y’en a se pousser », l’usager de la route pressé tente le dépassement sans changer de file .
Avec les voitures c’est extrêmement désagréable car en général le Jacky vous frôle et comme il a mal calculé votre vitesse, la voiture d’en face et sa propre accélération, il « queue de poissonise » son rabattement et … freine !!! Donc debout sur les freins pour le scooteriste, qui au village suivant lui remettra dans la vue une file de voitures , voir un ou deux feux d’avance ( auquel cas le gars vous rattrape plus jamais après ).
Mais avec les camions, c’est l’horreur !!! Le routier n’est pas plus malin, il double donc si il peut sans changer de file. Elles sont longues les secondes entre le bas côté à 50cm à droite et le camion qui double 50cm à gauche, avec les remous d’air en plus !!!!!!!!! Imaginer quand il pleut…
Si c’est un peu juste, il vous pousse sur le bas côté….Sinon il se rabat juste devant vous et là il faut gérer l’entrée dans l’aspiration. D’abord il y a une zone de remous qui met une bonne gifle à l’ensemble scooter/homme, ensuite l’aspiration s’exerce, souvent le camion se rabat trop juste et il faut couper les gaz complètement pour éviter d’être projeté dans le dit camion.
Charmant. Après si le camion maintient une bonne vitesse il vous aspire pendant un km ou deux, le temps de ressortir du cône d’aspiration, et là on brasse l’ensemble précité à nouveau.
Si il revient à une vitesse de croisière genre 80/90 et ben vous le suivez pendant X km jusqu’à un feu rouge salvateur, car vous n’aurez jamais assez de place et d’élan pour vous en débarrasser.
L’endroit idéal pour ce sport : la route de Chartres ! Le cauchemar, une des routes les plus dangereuses de France pour les scoots : toute droite, étroite, gavée de camions dans les deux sens, plus plein d’automobilistes qui enfilent leur peaux de cons avant de prendre le volant.

Tout ca pour dire que coup de pot dans ma malchance, la circule est plutôt fluide , peu de camions et tout le monde est fort civil….incroyable !

La première moitié de la route se passe donc assez bien, sous une pluie continue et un ciel entièrement noir maintenant. Puis la conformation de la route change .Vers Gien les collectivité territoriales se sont lachées. Voies rapides, contournement de toutes les agglomérations et surtout rond-point, rond-point, rond-point, rond-point, rond-point, rond-point, rond-point, rond-point, et des fois on varie les plaisirs avec un sens giratoire .
La route devient de fait totalement sans intérêt, paysage de bord de tangentielles, zone d’activité, rond-point, trouver la borne direction , pluie, ligne droite, rond-point, etc…
Comme c’est la première pluie après plusieurs jours de sec, les rond-points sont particulièrement glissouillants . Chacun d’entre eux est donc négocié comme si je conduisais un motoculteur, presque sans angle et à vitesse très basse, créant l’agacement des autos qui ne comprennent pas que je sois si lent à chaque fois…..

Je rencontre finalement enfin le crétin, que dis-je, la face de terrine de gelée de con de la journée, en la personne d’un conducteur de bus d’une ligne de la région ( aux couleurs orangés) qui décide dans un rond-point- toujours sous pluie battante, de :
1- Me klaxonner
2- Me faire l’intérieur
3- Me faire une queue de poisson en coupant la sortie du rond-point depuis son intérieur.

Extraordinaire ! Un praticien confirmé de la mise en danger d’autrui et de la délinquance routière . Il disparaît au loin dans un nuage mouvant d’eau pulvérisé par ses énormes pneus, en ignorant magnifiquement les limitations de vitesse de temps sec.
Adieu l’ami, j’aurai tant aimé converser avec toi…

Quant vers Cosne sur Loire un panneau m’indique « Sancerres » et me permet de rejoindre une départementale pittoresque quoique fort humide elle aussi, j’esquisse un sourire de contentement dans mon casque.
Encore une vingtaine de kms et me voilà au point de RV sur un parking de supermarché… enfin…pas le bon !
Mais Jean-Ba me retrouveras quand même. Ayant eu un doute , je lui ai décrit les magasins autour du parking quand je l’ai appelé, sage décision.

Il est 19h21, j’ai mis 1h51 pour un peu plus de 110 km . C’est plutôt pas mal vu le nombre de villages traversés, les rond-points et les conditions météo.
Je fais le plein juste à la fermeture de la station et attend mon pote en regardant le clapotis des gouttes dans une flaque d’eau huileuse près de mon abri…..L’excellente soirée préparé par Jean-Ba et sa petite famille seront d’un très grand réconfort.

Les leçons de la journée :
- Mon Lambretta fonctionne ( ca parait basique, mais sur un vieux clou, c’est toujours un peu un miracle…)

- Le Gore tex c’est vraiment génial . Au moment de l’épluchage juste avant l’apéro, je suis entièrement sec, et très à l’aise dans mes vêtement, pas comme avec les combars étanches ou les K Ways dont le côté « bain de vapeur » vous fait parfois regretter la fraicheur de la pluie.


- Le sac sur la roue de secours : surprise ! Effet collatéral non prévu, comme il surplombe mes pieds, mes Martens sont pratiquement sèches. Seul le bord droit de la Doc qui me sert à freiner est mouillé. J’achète.

- Même un trajet court et prétendu facile peut se révéler extrêmement pénible. La météo croisé avec l’inintérêt absolu des routes à la mode « tangentielle » font que si pendant la première moitié du voyage je me suis dit « Bah , c’est aussi ça la mobylette, faut faire avec », pendant la seconde c’était franchement « P…n, vivement l’arrivée !! »

Une prière monte alors régulièrement vers les Dieux au fil de la soirée : Du temps sec pour les trois jours à venir !!!!
Parce que demain , fini les hors d’œuvres : 250 klics, de l’autoroute et le massif central.

Hoyoyoyoyoye………………..

A suivre…

Au prochain épisode , nous considérerons la route Sancerres Issoire, la topographie et l’esthétique du massif central, ainsi que la sociologie des débits de boisson mis à la disposition des haltes scooteristes.

Episode IV : Atteindre Issoire!

Après une nuit réparatrice, je prends congé de mes hôtes ( encore merci pour leur accueil et leur gentillesse !) . Le ciel peut typiquement être qualifié « de traine », quelque part entre le gris , le bleu et le noir, avec du vent , il m’inspire une incertitude immense. Il fait frais mais qu’importe.
J’ai eu la veille au soir Philippe de « Top scooter » au téléphone qui m’indiquait qu’il était à Moulin avec un groupe de Français et qu’il décollerait vers 9h00. Comme il y a des LD dans le groupe, j’ai une chance de les rattraper à un moment ou un autre.
Bon…..quand faut y’aller…..un dernier regard sur le village du Sancerrois et son esthétique si particulière ( je ne connaissais pas, vraiment sympa), Gore tex complet et coup de kick.
Le DL démarre ( ca fait toujours chaud au cœur ) , je monte dessus et GO. Il est 9h00.
Mes gants sont bien sûr encore trempés, j’espère que la journée sera sans pluie, et je met mon espérance dans le frottement de l’air pour les sécher .
J’attaque les premières pentes du voyage pour quitter le Sancerrois, et je rentre sur l’autoroute, direction Nevers . Le temps demeure incertain, mais le scoot ronronne régulièrement. File de droite bien sûr, vitesse de croisière stabilisé la plus basse possible pour écouter et sentir le scoot avant de choisir le régime définitif .
Etant tout seul, l’autoroute devant durer plus d’une heure, je prend la carte de la prudence en me fixant vers 85 kmh . Le lambret tourne uniquement sur le couple, consomme peu d’essence (important avec un réservoir de 8L ) en mode contrainte mécanique minimum. En plus je tourne sur une bougie froide ( B9) , cela devrait bien se passer. De toute façon quelque soit la vitesse , l’autoroute c’est l’ennui.
Le temps s’améliore peu à peu ,mes gants sèchent assez vite et miracle à nouveau, peu de circulation, presque pas de camions . C’est plus agréable que la route d’hier. D’abord il n’y a pas de rond-points. Ensuite le relief commence à être un peu valloné, le paysage est assez agréable et la circulation et ma vitesse permettent vraiment de l’admirer !
Le temps de contourner Nevers, de me faire doubler par une remorque chargé de LD ( tiens un francais..) je laisse Magny-Cours derrière moi, non sans me souvenir du tour de circuit que j’y avais fait en 2001 pour l’Euro-Vespa.
Retour sur la nationale et recalage du scoot sur 90kmh pour être dans le flot . La circulation est toujours fluide, et les automobilistes se montrent étonnement calmes…
Pourvu que ca dure !

J’ai fait 130 km depuis le dernier plein, le passage en réserve devrait pas tarder. Comme je veux faire un statut sur ma consommation réelle, j’attends.
Au 142e km, le régime et le bruit du scoot chutent soudain ! Je débraye à fond, roue libre et - avantage Lambretta - je lève le pied gauche et bascule le robinet d’essence en réserve. J’embraye prudemment et le moteur repart. Rapide calcul mental : 6.3L pour 140 klics, ça doit faire dans les 4.5l au 100km et donc … je dois trouver de l’essence dans les 35km qui viennent.
Il est 11h et je ferais bien une pause. Je rencontre les premières côtes dignes de ce nom et dans l’une d’entre elles un chouette village Français classique, avec bar en face de la place de l’église et du monument aux morts. Coffee time !

Un silence assourdissant accueille mon entrée dans le café. Faut dire qu’un type qui gare un scooter Turquoise sur le trottoir d’en face et pousse la porte tout de camouflage vêtu, ça se voit pas tout les jours.
« Bonjour Monsieur » me répond le patron, mais j’entend « Salut étranger » sous l’œil suspicieux des trois piliers du comptoir, on croirait du Sergio Leone…
Je ne savais pas que je venais d’entrer dans... la quatrième dimension ( petite musique de circonstance Nin nininin ninin !).
J’ouvre mon armure , mais la garde sur le dos ( encore un plus-produit du Georges Steak, on peut rester dedans , on marine pas ) et m’assied à une table face à mon DL .
Mon café arrive et je peux sombrer dans une demi torpeur, bercé par les conversations de comptoir.
Et là tout bascule. Le plus engagé des clients, un retraité moustachu, commence une dissertation sur ……sa bite ! Sous les commentaires prétendument spirituels de ses acolytes ; la dissertation durera bien dans les 10 minutes.
Après quoi la conversation fait quelques circonvolutions étranges avant d’aboutir, toujours sous les commentaires amusés de ses alcooliques, à « Hitler avait raison » .

Voilà , la boucle est bouclée , on a touché le fond en 14 mn chrono . Ma tasse est un abîme sans fond, je suis terrassé . La crème de la connerie de Bar franchouillarde en si peu de temps…moi qui aime tant les troquets de village… soupir.

Je sors du trocson encore songeur pour voir passer trois lambrettas aux couleurs chamarrés, dont les pilotes me font un signe. Vu l’état des scoots et des bagages ce sont des Anglais
C’est sûr, je suis sur la bonne route !

Je repars en quête d’une station service, que je trouve dans la plaine suivante. Après mon plein en remettant mes gants je revois passer un groupe d’une demi-douzaine de scoots qui ont l’air également Brishtons. La pompiste me dit « depuis hier ça arrête pas les skotères , y doit se passer un truc » . J’approuve , enfile mon casque et saute sur mon palefroi, y’en a marre de rouler seul !
Ils ont au max un km d’avance, je passe en « full throttle » et entame la poursuite. Au village suivant, au premier feu je me débarrasse des voituriers les plus pénibles ( ceux qu’on ne peut pas doubler parce qu’ils téléphonent ou conduisent en allant de la gauche à la droite de la route) . Trois files de voitures plus tard , je passe un pont en sortie de virage et tombe nez à nez avec une station service remplis de scooters. Objectif atteint.
GP, SX et autres specials, c’est un troupeau en plein ravitaillement que je rejoins. Comme d’hab y’a une fille qui fume sur le côté, un type qui fait le plein, deux qui expertisent un soucis sur un des scoots , deux autres qui font leur mélange et bien sûr un PX ( y’a toujours un PX…). Une prise de contact rapide avec le couple qui conduit la camionette du club me permet d’apprendre qu’ils appartiennent aux London Specials..


Alan du Specials SC sur son TV175 (photo courtesy from Floppy)

Ils m’ont dit être lents, ce qui en Anglais veut dire 90kmh , cela me va bien. Nous voilà repartis.
Je me colle en queue de peloton devant la camionette . Tous ne m’ont pas vu à la station et le gars devant moi se retourne régulièrement en semblant se demander d’où sort ce DL turquoise qui les suit. Ils tiennent en effet un bon 90+ .
L’amusant de la situation c’est la tête des propriétaires de Kakabouzas que nous croisons le long de la route. Il y en a qui lâchent les gaz tant le spectacle les étonne. Ils ont l’air plus ébahis les uns que les autres. Un rosbeef plus facétieux que ses camarades va jusqu’à leur faire signe parfois ce qui visiblement les abasourdi encore plus.
Nous finissons par rentrer dans Clermond Ferrand, où la recherche de notre chemin finira par séparer ce que la route avait réuni…

Seul à nouveau, je demande mon chemin à un autochtone ( j’ai cette facilité sur les anglais) qui me dit « Issoire ? je prends l’autoroute dans la même direction, suivez moi ! ».
Sitôt dit sitôt fait, je me retrouve sur l’autoroute , bien roulante par contre, mais tout le monde respecte les limitations et la densité de voitures empêche les Jacky de sévir.
A un moment je vois sur la voie de décélération une voiture qui ralentit et me fais signe : mon guide ! un fort signe de casque et me voilà lancé vers Issoire.

Il ne reste plus qu’une trentaine de bornes ! Le relief est maintenant franchement marqué. Ca monte , ca descend, l’horizon est plein de vieilles montagnes et les cieux sont à nouveaux tout noir . C’est Wagnerien comme ambiance. Le scoot tourne comme une horloge, à croire qu’il sent lui aussi l’arriver, il demande qu’à y aller ! Le paysage est franchement magnifique et je l’admire à loisir en comptant les numéros de sorties. Je compare les indications des panneaux avec le road map de la roue de secours…Prochaine sortie !

Je regarde à nouveau la roadmap, après la sortie, trois virages et un rond-point plus loin j’arrive en vue du panneau « EuroLambretta » .
Il est 14h et des poussières

A suivre

Dans le prochain épisode nous saurons si nos inquiétudes étaient justifiés, nous retrouverons des amis, subiront les variations climatiques et verrons beaucoup , beaucoup plus de photos

Je tenterai de poster les épisodes qui restent avant le Week-end , afin de pouvoir mettre en ligne l'épisode VII en même temps pour tout le monde,
Samedi ....qui sait?
Episode V : Un week end à Issoire 1ere partie.

Je me présente à la réception du rallye, au milieu d’autres cosmonautes attiffés eux aussi de tenue de route variées.
Comme prévu ca parle Anglais de partout , et les membres du LCF font de leur mieux pour vérifier les inscriptions , distribuer les sacs souvenirs du jamboree et pointer les arrivants. Bien sûr quelques quiproquos et des demandes de traductions simultanées ne tardent pas…. Je retombe sur Alan du Specials SC qui lui aussi à un problème linguistique . J’obtiens un accord entre lui et le LCF illico et retourne enfin à mon skotère . Quelle joie de le retrouver, fidèle coursier…. C’est qu’on s’attache !

Re-Kick et direction le camping . Pointage au bureau d’accueil, le gars au guichet ne dit même pas bonjour ( encore une pub pour les commercants francais….) . Il me demande juste « your name » avec l’accent de Maurice Chevalier en me tendant la feuille de pointage. Je coche mon nom.
«- nationalité ? » je répond « Français » sans percuter.
« - Alors la partie du camping pour les Français c’est de là à là, les douches c’est là, et faut pas faire de bruit après telle heure ! » ça y est je percute enfin :
« - mouais…. la partie anglaise c’est où ? merci »
Je remonte sur le scoot, compose le code de la barrière d’entrée et rentre enfin dans le camping. J’évite soigneusement la partie Francaise et file vers le territoire Britannique . Je roule au ralenti en cherchant un scoot ou un visage connu….. Soudain une main se dresse derrière une tente, c’est StypeVince de Chartres qui a fait le même calcul que moi . Je glisse le DL entre les tentes présentes et coupe mon moteur dans un espace libre où je retrouve également Pushing Oliver et Béné de Lyon plus Damien de Chartres .


Le Golden special de Damien et le DL de StypeVince devant leurs propriétaires et des amis du MCR (photo courtesy from Floppy).

Arrivés la veille, ils me mettent au parfum direct pendant que je décharge mon barda.
Pas de fournisseur de pièces détachés, pas de stands pour réparer son scoot, rien pour aider le lambrettiste en difficulté. Bien…comme prévu quoi .
J’enlève mon armure et considère le sac contenant ma tente . Trop tard on m’a déjà glissé une bière dans la main . Je prends le parti de la boire en prenant des nouvelles de tout le monde, de ceux qui sont arrivés , ceux qui devraient et ceux qui finalement ne viendront pas .
Ceci fait j’ouvre ma tente et commence le montage, le sourire aux lèvres, la bière après plusieurs heures de scooterisme sans concession ayant un effet apaisant des plus agréables .

La tente montée, je jette un coup d’œil au sac souvenir. Il porte un logo Eurolambretta France avec un Coq, plus éculé comme cliché on pouvait pas.A l’intérieur un T-shirt fort mal imprimé, quelques cartes postales,une carte du coin, et un porte clé lui relativement correct . Mes voisins me regardent en se bidonnant , eux qui ont connu l’Eurolambret en Ecosse ou il y avait un très beau T-shirt et une flasque à Whisky en inox gravé avec un chardon et la date du rallye, ou celui de Suisse où un couteau Victorinox avec les armes du Club de Suisse était offerts aux participants . Bon …je referme et balance le tout au fond de ma tente.

Un vent continu et glacial balaye le campsite sous un ciel grisatre et une lumière laiteuse et forte . Je constate avec mes camarades que malgré les apparences c'est un temps à coup de soleil et remet veste et blouson.
« -Y’a un truc de prévu ce soir ?
Concert de « Rock» en plein air devant le camping » m’annonce Béné.
Glagla debout en plein air après toute la route et ……..du Rock ???? Ils sont fous. Nous décidons d’aller manger à l’extérieur.
« Il parait qu’après 22h le campsite est fermé, aucun véhicule ne peut rentrer ou sortir » Je commence à bouillir : pas moyen d’aller manger dans Issoire parce qu’on a la permission de 22 h ! On me dit qu’il y a un parking gardé à l’extérieur du campsite pour les scoots, mais comme tout mes camarades je ne dors jamais à plus de 1.50m de mon lambret quand je suis en rallye.
Nous nous retrouvons donc tout les cinq plus Bruno de Anvers grelottant au Buffalo grill juste au bord du camping. Génial…
Le moral est plutôt bas et les premières constations assez cinglantes . Le menu proposé par cette grande chaine de Junk food n’arrange rien , pas plus que l’entrain des serveuses sous-payées qui prennent notre commande.
L’ambiance fini par se réchauffer. Nous sommes rejoint par un Lambrettiste Lyonnais ami de Oliver, tatoueur de son état et sa femme Polonaise . Ca n’est tout de même pas une très grande soirée , nous rentrons rapidement nous coucher pour tourner la page et passer à autre chose .
Je m’endors rapidement il est à peine minuit, mais assez vite le froid me réveille. Je me rendors mais je rêve que… j’ai froid ! Ca dure comme cela de mal en pis jusqu’6h00 du mat ou je me lève et décide d’appliquer une vieille recette déjà utilisée à Wight : je cours au bloc sanitaire et me colle sous une douche brulante pendant 10 mn !
Je manque peut-être de sommeil mais au moins je n’ai plus froid . Je m’habille rapidement . Mon polo reste au fond du sac , je remets ma chemise F1, ma veste et mon bomber de route, je ne peux pas faire moins . Bon , j’attaque un de mes sports favoris, le tour de campsite solitaire à l’aube pour admirer les scooters présents encore couverts de rosée.


SX supertune type


GP200 déco type eighties au gout du jour, devant une brochette de GP / DL en couleurs Innocenti

L’air est frais et l’herbe sent bon, il y a quelques ouvertures dans les nuages, ca n’est pas une si mauvaise journée.


TV deco racer sixties et deux SX


Les mêmes de face

Quand les premiers visages connus apparaissent de retour de leurs propres ablutions, je décide de retourner aux valeurs essentielles . « On mange ? »

A suivre

Dans le seconde partie nous verrons enfin plein de photos, nous roulerons à scooter et vivrons encore d’autres aventures ridicules !

Episode V : Un week end à Issoire 2eme partie

J’arrive à convaincre Bénédicte d’aller prendre le petit déjeuner, mes autres camarades s’obstinant à tenter de dormir ou se préparant très mollement.
Dans le batîment bordant le campsite , le LCF a dressé une dizaine de tables et mis en place un petit déjeuner « à la française » très bien préparé. Avec nos plateaux couverts de café, pain, beurre, yaourt et puis un peu de charcuterie ….et puis un peu de fromage aussi nous allons nous asseoir en face l’un de l’autre à une table vide. Nous commentons la nuit en mangeant ce repas bienvenu pour compenser l’hypothermie subie. Hélas , sans nous en rendre compte , nous nous sommes assis devant une table du LCF , ou quelques redoutable lurons adeptes de l’almanach Vermot sont en pleine représentation. Calembours lourdingues et rires épais ponctuent un brouhahas sonore et des plus grossiers . Le plus rutilant de ces andouilles a décidé que les nouveaux de son groupe devraient manger des sardines à l’huile au petit déj . Il se lève et apostrophe les bizuts qui sont en fait un gentil couple qui nous sert de voisins depuis 5 mn .
Il vitupère maintenant juste au dessus de ma tête et distribue ces sardines aux malheureux en riant bruyamment. Je fronce les sourcils et échange avec Bénédicte un œil noir.
Ca semble se calmer mais le lourdaud revient, cette fois ci il arrive par le bord de la table et pour faire je ne sais quoi, passe son bras par-dessus nos bols entre Bénédicte et moi, opinel à la main. Je dois faire une sacrée tête derrière la lame du couteau car Bénédicte semble soudain inquiète et les deux bizuts repoussent gentiment leur « parrain de circonstance » . Le fait est que tous les voyants d’activation de la machine à gifles sont passés au vert et que la grossièreté du pénible tend vers le drame. Le gars recule et retourne se rasseoir sans s’être rendu compte de rien , toujours convaincu de « mettre une ambiance du tonnerre » dans cette salle ou aux autres tables des représentants de toute l’Europe terminent de se réveiller en buvant leur thé ou leur café.
Nous finissons notre déjeuner en échangeant avec Bénédicte des regards lourds de dédain à chaque prétendue saillie drôlatique du « péniblator ».
Conscients que notre irritabilité est en partie du à une fatigue excessive, que ne partagent certes pas les chauffeurs de remorques qui ont salopé notre p’tit déj, nous quittons la salle pour retrouver les collègues qui s’apprêtent à nous remplacer .
Nous discutons rapidement du programme de la Journée, ballade de 80 km encadré par le LCF avec à midi pique nique dans un village typique.
80km !!! les réactions sont inversement proportionnelles au kilomètrage parcouru la veille. J’avoue n’être pas très chaud pour rouler 80 km en cortège au rythme des LD . C’est un peu un banc test pour embrayage .

Déjà hier après-midi , nous avons été au départ du pot d’inauguration du Rallye en centre ville. Nous avons attendu une demi-heure assis sur les scoots le signe du décollage dans une ambiance frigorifique . Seul animation, un anglais à côté de nous abordé par Tino Sacchi , fameux distributeur de pièces pour Lambretta, qui lui demandait dans la langue de Shakespeare avec son délicieux accent italien ( traduction simultané par votre serviteur) :
« - Tou as quoi commé motore là-dedans ?
- Un TS1, mais y tourne moyen
- Ah bon ? tou sais que tou peux essayer mon scooter avec son kit Imola quand tou veux, ca ça marche, hésites pas hé ! »
Sacré Tino, il se tourna vers nous pour expliquer « Ici j’amène pas mes kits , c’est pas le but , mais je peux pas le laisser dans les ennuis » Mais oui Tino…
Après un faux départ qui nous avait permis de couvrir entre 52 et 57 mètres, je faisais prudemment demi-tour pour aller boire un coup avec des amis de Liverpool récemment arrivé et étais bientôt rejoins par la moitié de mes petits camarades lassés eux aussi par tant d’attente et de vibrations moteur au ralenti.

Bref je me prononce pour aller au pique-nique à midi , mais profiter de la journée pour jeter un coup d’œil aux environs ou au centre ville.
Nous nous réunissons tous au départ de la ballade qui comme hier a beaucoup de mal à partir. Celà nous laisse le temps de débattre du programme . Nous avons même assez de temps pour être rejoint par Ezekiel, qui arrive tout droit de Lyon sur son série II et se joint au petit groupe .
Décision : on zappe la ballade, on prend les scoots, on remonte sur l’autoroute pour une dizaine de klics, puis sortie et route peinarde vers le site du repas que le LCF a eu l’excellente idée de marquer sur la carte .
J’accroche la carte à ma roue de secours et me retrouve bombardé « navigateur » du groupe. Andiamo !

Dès que nous sortons de l’autoroute située au creux de la vallée ca se met à grimper sévère. Nous enchaînons pentes et virages avec un plaisir non feint. Le paysage est plus qu’impressionnant par endroit et l’enchaînement de minuscules villages, de départementales et communales transforme la promenade en mini rallye topo, ce qui ne fait jamais de mal .
Il fait maintenant un soleil de plomb et la beauté de l’environnement a totalement effacé le froid et les déconvenues de la soirée précédente.
Au détour d’un virage nous nous arrêtons pour faire une petite photo .



De gauche à droite : the wizzard, Pushing Oliver, Bruno, VinceStype, Ezekiel et votre serviteur. Dans le fond le village d’accueil du pique-nique sur son piton.
Au village suivant, comme il est encore tôt, nous visitons un débit de boisson indigène, halte qui nous permet de faire plus ample connaissance avec Bruno et Ezekiel.
Il serait trop long de résumer ici les passionnants débats qui ont animé la tablée, mais pour faire court : « Monté quoi là-dedans …blabla, après le serrage de 2004…blabla, réalésé en 25.5…blabla, principal en 123…blabla, admission mal taillée…blabla, IoW 2004…blabla, série I frame breather…blabla, boite trop longue redescendu 15 dents sur le front sprocket…blabla, t’as un J50 ? tu te fous de moi ? …blabla, etc… »
Une heure et quelques cafés et bières plus tard, nous nous dirigeons vers nos mobylettes. Nous constatons que malgré l’ombre de la terrasse nous avons tous pris des couleurs sans doute plus dues au ciel incertain de l’après-midi précédente. Qu’importe , direction le site du pique-nique.
A l’approche d’un beau village surmonté d’une vieille tour , nous nous engageons sur un grand parking où après une pente plus que prononcée nous trouvons un second terrain aussi plat que bucolique en sommet de colline.
Deux trois lambret sont déjà garées. Le plateau est balayé par un petit vent froid malgré le ciel intensément bleu ; il ne faudra pas resté trop longtemps là car ca sent le coup de soleil de compétition à 100 lieues. La vue à 360 degrés est simplement magnifique ! Montagnes et volcans au loin où que le regard se porte et même quelques neiges dans l’horizon. Une certaine plénitude nous envahit


TV série III, série II (courtesy of Ezekiel )

des lambrets déjà connues(courtesy of Ezekiel )

Il est 11h30, le déjeuner sur le programme est à midi .
Nous attendons…11h45 quelqu’un constate qu’il n’y a pas de camionette de traiteur ou de membres du club pour accueillir les convives à venir, le doute s’instaure.
Midi personne….sous l’œil plein de doute de certains je regarde à nouveau la carte et refait le trajet dans ma tête…pas de doute nous sommes sur le bon village et je ne vois pas d’autres sites possibles autour.
En attendant nous parlons de … Lambrettas .
Henri de Mormoiron ouvre les ailes du « Kana beach » ainsi que de son nouveau DL 200 pour un cours sur le TS1. Nous sommes plusieurs à tourner autour de ces scoots en nous penchant dans leurs entrailles et en aquiescant du chef à ses dires. Nous passons un moment très agréable à l’écouter, vraiment un type sympa.


"le Kana beach"( source inconnue)

12h30, rien…personne. Un scoot ou deux de plus sont arrivés ainsi que Kevin de Liverpool, qui dès sa descente de monospace nous distribue des canettes de bière anglaise.

Un couple de jeunes mariés se fait prendre en photo de l’autre côté du plateau et cela ne manque pas , le photographe vient demander si il peut les immortaliser sur une des Vespas.
« Ca va être dur, on en a pas ! »
Le gars nous regarde avec des yeux plus rond que l’objectif de son appareil. Le moins taquin d’entre nous lui explique et propose que la future mariée choisisse son préféré pour la photo. Le LI série III bicolore d’Oliver doit donc aujourd’hui trôner sur une cheminée ou une télé quelque part dans le massif central, amusant.
12h45, le vent souffle sur le plateau , je termine ma bière et considère l’horizon. Je change de point de vue mais ne voit que « l’air qui poudroit et l’herbe qui verdoit ». Bien bien bien…..
13h00 voilà, voilà, voilà
13h05 quelqu’un dit « là-bas » .
Au loin sur la route le début d’un long serpent mécanique apparaît. Comme il avance contre le vent nous voyons le flot de scooters approcher du bas de la colline en silence.


la ruée vers le buffet ( Floppy)


Enfin les premier LD entament l’ascension de notre hauteur bientôt rattrapé par les séries I II et III qui remplissent l’air d’un énorme ronflement asynchrone et joyeusement désordonné.


Lambrettas et 1 rallye 200 perdu ( courtesy of Ezekiel)

La camionette du traiteur arrive elle aussi et nous pouvons enfin manger en regardant les nombreux scoots présents


Vous ai-je dit qu'il y avait des Anglais ? ( Floppy)


Encore un supertune...( Floppy)


GP 200Floppy)


A suivre

Au prochain épisode, nous vérifierons pourquoi « Pushing Oliver » s’appelle ainsi , nous découvrirons le nouveau surnom de Bruno, visiterons le centre d’Issoire avec ses places typiques et ses commerçants accueillants et aborderons le diner de gala du jamboree.

Episode VI : Un week end à Issoire 3eme partie

Le déjeuner fini et après une sieste rapide sous un des rares arbustes du coin, je regarde la ballade repartir vers de nouvelles aventures .
Nous ne le savions pas encore , mais nos pires craintes sur la ballade allaient se confirmer. Si on en croit Scootering, peu après dans une montée particulièrement raide se terminant dans un goulot d’étranglement très étroit, on verra moultes embrayages claquer, scooters poussés et autres petits accidents créant au final ( mais c’est là le moindre des maux) une jolie pagaille .

Un flux nerveux assez intense depuis mon visage , ajouté à la vision de mes camarades confirment ce que je craignais depuis le matin: nous sommes tous bronzés façon Tchernobyl !!! “Chaud chocolat” comme le disait une artiste engagée bien connue.

Toujours est-il que toujours prudents nous décidons de partir faire un tour à Issoire . Je ne vous l’ai pas dit, mais pour encadrer la ballade le LCF a fait appel à un club… de motos ! Les encadrants en kakabouzas prennent d’ailleurs leur rôle de chiens de bergers très au sérieux, et à ce qu’on m’en a dit s’en sont assez bien tiré.
En tout cas à peine avons nous tourné le dos à la ballade que nous sommes rattrapés par deux motos en pleine interception ( c’est la première fois qu’ils dépassaient le 60kmh depuis le matin, visiblement étonnés d’avoir à accélérer plus que ça pour rattraper des scoots) qui nous font signe de nous arrêter façon gendarmerie nationale.
Oliver consent à stopper pour savoir de quoi il retourne, tandis que le reste du groupe jette à peine un regard et poursuit son chemin. Il leur explique donc que nous n’appartenons pas au convoi et sommes capables de tracer un azimut par nous même jusqu’à Issoire.
On ne peut pas dire qu’ils n’ont pas assumer leur mission .
Nous enchainons la route du matin dans l’autre sens avec autant de plaisir, en savourant tant la vue que le relief , le beau temps ou les circonvolutions de la route et ce malgré l’impression que quelqu’un ait installé le chauffage central dans nos casques.

En traversant un village où j’ai une hésitation pour retouver la bonne sortie je me retrouve soudain tout seul. Arrêté, je regarde en arrière pour voir après quelques instants un de mes camarades apparaitre au sommet de la rue et me faire signe de revenir.
Hummmm….. ca sent le problème.
De retour dans une petite rue écrasée de soleil je retrouve le groupe arrêté .
Visiblement tout le monde est entier et aucun scoot n’est abimé. C’est déjà ça.
Je béquille le Lambret, cale le moteur et me précipite pour arracher un gant et au moins ouvrir ma visière. Ceci fait j’interroge le plus proche des mes amis sur les raisons de l’arrêt non sans continuer à me déséquiper.
“ – Oliver est en train de perdre son pot !
- Ah bon … j’ai cru qu’il se passait un truc grave .” Sourires…

Nous placons le LI au bord d’un petit escalier à l’ombre qui descend vers une cave. Oliver peut à loisir assis dans l’escalier ou allongé sous le scoot jouer de la clé de 11 pour resserrer les deux écrous supposés maintenir le coude d’échappement en place. Bien sûr c’est plein de cambouis, bien sûr c’est brûlant et comme c’est Italien, bien sûr c’est d’un accès particulièrement pénible et peu ergonomique. Oliver s’échine sur son bouzin sous les considérations amusées de Bruno et Stypevince dont le caractère taquin est proverbial. Bénédicte garde le calme des vieilles troupes tandis que le Wizzard toujours bavard ponctue l’opération et les commentaires d’Oliver de “ Mmmm mmm… mmm mm… Hum…,mmm..mmm”


The action ! Under the scooter....Oliver !( courtesy of Ezekiel)

Après 20 mn de bricolage on range les outils. La chaleur est quasi palpable tant elle est épaisse. A l’ombre ca passe, mais au soleil , avec en plus nos faces de homards c’est insupportable .
Nous remettons les casques et démarrons le plus vite possible pour avoir au moins un peu d’air dans les visières . Objectif une station service au plus vite, Ezekiel et votre serviteur sommes en réserve .
Nos voeux sont exaucés dans les faubourgs d’issoire. Après le plein Bruno et moi tentons de redémarrer nos scoots, qui à chaud font une autre facétie Lambretta: “ le redémarrage en 4 temps”. Ca marche beaucoup moins bien, forcément !
Après une dizaine de coups de kicks essence fermée, mon DL condescent à reprendre un régime normal dans un nuage de fumée. Oliver esquisse un sourire mais je ne suis pas inquiet, pas plus que Bruno d’ailleurs.

Direction le troquet. Nous rentrons dans Issoire en suivant Oliver qui vient de reprendre le flambeau de la navigation car:
1) il connait une place sympa avec des bars
2) il a fait le malin à la station.


Peut-on vraiment avoir confiance dans ce personnage?( courtesy of Tom2)

Nous le suivons donc, pour finalement nous engager dans une petite rue très étroite et semi piétonne , bordé de vieilles batisses de plusieurs étages. Les pots Clubman présents aboient sèchement et se répercutent entre les murs alors que nous roulons à bas régime, réalisant ainsi une contre publicité assez réussie pour le scooterisme en général et Lambretta en particulier. C’est donc dans un potin infernal que nous suivons cette ruelle en affichant un “soyons désinvolte, n’ayons l’air de rien” de circonstance. Enfin nous aboutissons sur la place tant attendu et ses terrasses de cafés.
Le groupe béquille les scoots en quête d’une terrasse accueillante et surtout … d’ombre !
Nous jetons notre dévolu sur une table à côté de laquelle nous construisons immédiatement une pyramide de casques , gants et effets divers sous l’oeil pas si amusé que ça de la serveuse.
Comme il n’y a que des adolescents attardés attablés, Bénédicte prend les affaires en mains et part à la pharmacie acheté un tube de crème hydratante/ réparatrice pour soigner nos faciès écarlates et auto-chauffants. Heureusement qu’il y a au moins quelqu’un de sensé dans cette bande “d’adulescents” .

La commande est passée dans un savant bazar à la serveuse citée précédemment tout en nous tartinant la bouille de l’onguent salvateur fourni par notre animatrice spécialisée.
Le poids de la fatigue, la chaleur et les aventures du jour, alliés aux boissons font que l’ambiance déjà pas très carrée dévie résolument vers le n’importe quoi et la franche crise de rire.
Mais il faut savoir raison garder, rentrer au campsite, se changer pour le diner du Jamboree et surtout savoir où c’est !!! Les rumeurs les plus folles disent que c’est au moins à deux km du camping, et personne n’arrive à obtenir un vrai gisement !
Je referme difficilement la jugulaire sur mes joues toujours ardentes tandis que le son des lambrett qui redémarrent emplit l’espace de la petite place avant d’être remplacé par le battement des ralentis, plus ou moins sec et fort selon le pot émetteur.
Tout le monde est prêt , équipé et assis sur un scooter vibrant et fumant.
Tous ? Non. Oliver kick son LI, met un peu de gaz et …cale !
Pas grave, il re-kick. Re-kick encore …et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore …. et encore ….. Bon il arrête et dépose une aile sous le regard légèrement agacé de sa moitié.
Certains attendent sur leurs scoots… je cale le mien et ouvre mon casque…. Finalement je l’enlève … puis je rebéquille aussi.
Oliver commence à regarder son carbu avec insistance , le Wizzard lui demande ce qui se passe.
Une gentille commercante devant chez qui travaille Oliver sort de son magasin et nous dit:
“ Vous allez faire des tâches d’huiles ? Non parce que si vous allez faire des tâches d’huiles moi je vous donne des cartons parce que la mairie vient de nettoyer les trottoirs alors faut pas les salir hein!! “
Oliver lui répond gentiment que ca ira. Il est sympa Oliver. La dame a pas l’air convaincu et le regarde avec beaucoup de suspicion. On dirait Michèle Alliot Marie mais en plus vieille et en plus coincée.
“ Vous êtes sûr hein? Parce que si vous allez faire des tâches d’huiles moi je préfère vous donnez des cartons !” Oliver redit non merci , mais j’avoue que une partie du groupe commence à la considérer avec une hostilité à peine voilée…moi le premier.
Bénédicte , en bonne éducatrice spécialisée fait bouger Oliver vers une place de parking pour éviter tout esclandre, même si nous savons qu’un nettoyage de carbu ne peut pas théoriquement taché le bitume.
Après c’est la totale, d’abord une bonne séance de démarrage à la poussette … sans résultat malgré le titre incontesté de “Pushing Oliver” ! Des essais d’injection d’essence dans le carbu directement par l’arrivée d’air à la seringue…nichts ! Mesure de l’écartement de la bougie…niente ! Contrôle de l’étincelle….pas extraordinaire mais bon…. Et ca continue comme ça pendant une heure.


Il y a des cas ou il vaut mieux tourner le dos à ce LI...( courtesy of Tom2)

Durant l’intervalle une partie de la bande délire joyeusement en relayant les assistants d’Oliver. Un groupe de passants s’arrête devant le très beau TV de Bruno et l’un d’entre eux lâche:
“ z’avez vu le skotaire? Avec tout ces feux c’est pire qu’une locomotive !”
Consternation parmi les scooteristes, personne n’y avait pensé avant…Ca nous fait franchement rire. Quelqu’un dit à Bruno “ faut te méfier , c’est des coups à se faire appeler Bruno Tchoutchou pendant des années!”


Mr Tchoutchou et son TV( courtesy of Oliver)

C’est ainsi mesdames et messieurs que naquit : Bruno Tchoutchou !

Bon , comme la victoire ne semblait pas au bout du chemin décision est prise : Bénédicte rentre derrière quelqu’un au campsite et rapatrie une remorque pour le LI , sinon on va arriver avec du cambouis sous les ongles au diner .
J’emmène donc Mme Oliver sur mon DL . Une rapide traversée d’Issoire mais , en passant un dos d’âne, je perds mon ralenti . Allons, bon, v’là autre chose !
C’est pas grave. Nous continuons notre chemin en jouant de l’accélérateur comme un djeuns en booster. Si le ridicule tuait , en tant que scooteristes on le saurait déjà.
Arrivé à destination alors que je me gratte la tête devant mon propre carbu, un message téléphonique nous apprend qu’Oliver à finalement redémarré .
En effet un second contrôle de la bougie a montré que l’écartement était trop grand . Un resserage plus tard le LI pétaradait de nouveau….
Le reste de la bande rentre donc enfin , et il est décidé qu’après la soirée, Oliver ferait le tour du campsite en LI et … en slip !

Tout le monde court se rafraichir et se préparer , d’autant qu’on nous annonce que le diner se passe vraiment à 2 kms du site , des bus emmenant tout le monde et le ramenant à l’issue.
Pour ma part je démonte mon carbu pour en avoir le coeur net et vérifie le serrage de la pipe d’admission au cas ou une prise d’air serait la cause de la perte de ralenti. Je suis quand même contraint au bout du compte de remonter le ralenti, même si celà me semble étrange, c’est bien la première fois en des années.
J’ai juste le temps de me laver les mains avant le départ.

Au final nous préfèrons prendre la voiture de Béné et hop, au dîner .
Une fois sur site nous trouvons un bar extérieur bondé d’Anglais qui boivent tout ce qu’ils peuvent et une grande salle transformée en salle de banquet avec une estrade.
Il semble qu’un soucis se pose avec le LCGB. Comme d’habitude les brichtons ont amenés dans leur sacs du glouglou additionel , juste au cas ou l’antigel viendrait à manquer ou si les criquets pèlerins attaquaient le bâtiment. Le LCF ne voit pas ça comme celà du tout, c’est interdit et un point c’est tout. Les Anglais argumentent en disant que c’est toujours comme ça et qu’ils videront le bar tout de même ( on leur fait confiance…) . Nous laissons ce petit monde s’expliquer et nous asseyons à une table …Britannique of course .
Un petit verre de vin scellé nous attend près de notre assiette nous le dégustons alors que sur scène les animations commencent. Les présidents de Lambretta clubs se relaient pour les messages de remerciements en Anglais sous la traduction d’un ami du LCF , dans avouons-le un certain brouhahas.
La traduction est assez approximative, parfois même malheureuse. Le pire étant quand Kev Walsh pdt du LCGB termine en levant son verre aux “absent friends”( les “amis absents” c.a.d ceux qui nous ont quittés…), notre bande cesse de rire et de parler et avec nos 350 amis Anglais nous levons nos verres le coeur gros. L'interprètre traduit “ buvons aux amis”…

Les plats arrivent à table, nous demandons le vin qui va avec pour apprendre qu’il faut le payer en plus! Stupeur , un Eurolambretta en France vin non compris ! Nous sentons d’ailleurs un certain mécontentement dans les tablées environnantes, d’autant que ce n’est pas l’habitude, en Ecosse par exemple il y avait une bouteille de Whisky par table.
Enfin bon, c’est comme ça.
Sur le front des animations , on peut dire que celà se gâte.
Accordéon plein pot, relayé par des danseurs de…Rock’n’roll!! Et pas 20 mn comme de bon ton dans chaque Eurolambrett pour le folklore, non, ils se relaient toute la soirée ! Le pire et le plus dépassé des clichés Franchouillard servi en boucle. Nous sommes rouges de honte ! Tout ce que nous voudrions éviter, tout ce qui va à l’encontre de notre passion pour le design , la musique ou le mode de vie étalé “ad nauseam”. Le fossé culturel est largement béant et la majorité de la salle tourne le dos à la scène pour discuter dans sa propre langue.
Seule bouffée d’air , l’ineffable Popo, fait monter sur scène deux British ivres , à qui il a appris en phonétique “ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne” et leur fait chanter au micro.
Nous liquidons une partie de notre Diner aussi vite que possible et décidons avec le “LCGB French Connection” de battre en retraite . En partant nous croisons les Suisses , déjà bien éméchés, qui eux aussi ont écourté la soirée mais cherchent désespérément un moyen de rentrer au camping.

Nous apprendrons plus tard par les amis de Liverpool, que les Anglais ont quand même emmenés leurs sacs de boisson avec eux. Un Francais leur a passé un savon et a tenté de se saisir d’un des sacs, le ton est monté et le club de Liverpool à quitter la salle. Voyant celà certaines villes Britanniques et les Irlandais ont suivis , bientôt rejoint par les Autrichiens… Une expression de ce qu’ont peut appeler un choc culturel en effet.

Arrivés à nos tentes , nous tentons d’obtenir d’Oliver la réalisation de son gage , mais le coeur n’y ait plus vraiment et nous allons sagement nous coucher car Demain …le retour. !

A suivre…

Dans le prochain épisode nous tenterons de faire la route du retour d’une traite et en Lambretta , nous rencontrerons des garagistes pas sympa du tout, converserons avec la gendarmerie nationale dans une situation pénible, reverrons des Anglais et croiserons même des Village peoples…

Sublime cette prose !!!

c'est criant de vérité... ...

et il y en a qui trouve encore le moyen de nous dire que c'était conforme à ce que le club français attendait....

:Dehorstupues: pour le LCF.

Mais vivement la suite des aventures de Lord Bretta et ses amis au pays du LCF !

Flop'Pyns a écrit:

Sublime cette prose !!!

Le plus drôle c'est la prose des Anglais, sur le bultin de liaison du Lambretta club G.B, concernant l'€-Lambretta 2006.....

Le titre:
It's better travel than to arrive...................

Episode VII 1ère partie : the return...peut-être

Dimanche matin, levé comme à mon habitude au petit matin, je profite du calme du petit jour pour enquêter un peu plus sur le mystère de ce ralenti fantasque.
Je subodore un problème plus mécanique qu’autre chose. J’imagine assez bien un élément qui frotterait quelque part ou le câble de gaz qui suivrait une course bizarre et aléatoire… Il n’y donc que deux vrais possibilités dans cette optique : le départ du guidon et la sortie vers le carbu dans le compartiment moteur.
Démontage du guidon alors. Le cable suit une course parfaite dans sa poulie, la gaine s’arrête dans le logement prévu, la tension est parfaite , pas moyen pour le câble de s’agripper quelque part à quelque moment que ce soit ou de renvoi d’angle. Bon… je referme.
Examen visuel de l’arrivée du câble au carbu. A première vue impeccable, la gaine est bien dans l’écrou de serrage , pas de course à la noix , le levier de gaz est bien en position. On y voit pas grand chose…. Bon je repose le carbu pour voir. Pareil, tout est OK, le levier de gaz godille bien un peu sur son axe ( il a bien 37 ans) mais le resserrer plus freinerait sa course, et le léger dévers constater n’est aucunement capable de contrarier la course du câble. Bien…je remonte .
Un essai ou deux d’accélération moteur éteint plus tard , me voilà obligé de reconnaître que tout fonctionne bien de ce point de vue, pas de soucis à avoir pour le retour alors….? Sans doute. Bizarre quand même ce truc.

Je retourne au rangement de ma tente, replie duvet et matelas, remet les plastiques de vêtements dans le sac avant de le boucler. Ca c’est fait.
J’abandonne la tente qui ne contient plus que un sac,un casque et une paire de gants et refait un petit tour.
Cette aube à le goût du départ. Déjà les plus acharnés construisent des empilements de sacs voir de valises sur les scoots, certaines tentes commencent à descendre. Ca sent la fin.
Disons le tout net, d’habitude une fin de rallye a toujours que chose d’un peu triste, là c’est plutôt doucamère. Pressé de rentrer, pas convaincu que l’excellente ballade faite avec les amis la veille valait le triste voyage aller en soli-solo et l’argent du ticket pour un jamboree pour le moins ….heu…. médiocre dirons nous ? D’autant qu’il reste un sacré morceau à se taper…les 360 klics du retour !

Le temps est pour l’instant clair, un peu laiteux, pas de risques majeurs de pluie en vue , c’est déjà ça de pris.
D’après ce que je sais, Wizzard et Stypevince ont choisi de faire la route du retour vers Chartres en deux jours avec le club de Liverpool. Connaissant les Anglais , je pressens un trajet exclusivement sur autoroute jusqu’à Bourges où ils ont prévu de dormir.
Je n’aime pas beaucoup l’autoroute, je l’ai pas mal pratiqué particulièrement en Angleterre mais je m’y ennuie profondément et je continue à penser que tout incident peut rapidement y prendre des proportions beaucoup plus pénibles. Je le sens pas du tout, un pressentiment peut-être…
C’est amusant de constater avec quel facilité le scooterisme peut transformer des êtres modernes et prétendument équilibrés en bêtes superstitieuses… ou alors c’est Lambretta qui fait ça !?!
Bon, je rentrerai seul et par la route normale puisque j’ai le choix de l’embarras .
Retour via Clermond, Montlucon, St Amand et Bourges, ce nouveau trajet me permet de gagner dans les 30 kms. 330 klics , ca devrait faire dans les 5 heures de routes plus une heure de ravitaillement et de cafés.

Les tentes qui m’environnent sont maintenant bien plus vivantes et il est bientôt temps d’attaquer le petit déjeuner. Toujours très bien organisé ce déj’ et comme je prévois mon prochain repas ce soir, je me leste conséquemment l’estomac en discutant de l’avenir et des prochains rallies avec mes petits camarades. Nous prenons tous notre temps en fait, il n’y a pas vraiment d’urgence, pas de ferry bookés et à part moi pas de long trajets à boucler. Prendre son temps , voilà un luxe rare.
Je serai bien assez tôt sur mon scoot , après le petit déjeuner je termine donc mes préparatifs gentiment.
A 11H les gens de Liverpool ne sont toujours pas arrivés. Mr Tchoutchou est passé dire au revoir avant de repartir vers les brumes du septentrion et tout le monde plie , range, attache , empile .
Les casques sont sur les selles et la plupart des blousons pendent déjà aux guidons.
Ce coup là il est temps, je fais la tournée de tout le monde, nous échangeons des voeux de prudence , de bonne route et chance mécanique et … je kicke.
Le DL démarre, je boucle mon casque enfile les gants en surveillant mon ralenti. Je coupe le starter, joue un peu avec la poignée pour éviter de caler et monte sur le scoot. Je démarre me retourne une dernière fois pour saluer tout le monde et c’est parti.
Le temps de reprendre l’autoroute, je m’aperçois que le ralenti à l’air stable et au bon niveau. Je me suis inquiété pour rien ?
Sur l’autoroute je reste prudent et reprend le régime de l’aller pour le même type de voies. Deux scoots me dépassent en faisant signe , deux vespas sans bagages, forcément c’est plus facile. Je maintiens cap et vitesse et déroule dans l’autre sens le chemin vers Clermond, tout en montées et en descentes. Il y a la même circulation que Vendredi mais ce morceau de route me pèse . J’accueille avec soulagement la sortie Clermond et vais m’arrêter au feu. Surprise mon ralenti est maintenant beaucoup trop haut !!!
Maintenant j’en suis sûr c’est une interférence mécanique , rien de lié à la carburation.
Vu que j’ai fait la route dans l’autre sens à l’aller, le passage de Clermond se fait en un éclair. Je poursuis vers le nord, à Riom je quitte le chemin de l’aller et oblique Nord-ouest vers Montluçon, je me sens maintenant vraiment lancé sur la route du retour. Mon ralenti quant à lui est redevenu normal, je n’y prête même plus attention.
Assez rapidement le paysage devient très agréable, la route aussi. Encore un peu de relief, des jolies virages et de temps en temps un patelin sympa. Je croise la vallée de la Sioule, un endroit fait pour les scoots, plein de virages, de forêts , de piqués et de montées abruptes. Un vrai plaisir à rouler .
Juste après je roule un moment dans une étendue de collines assez imposantes, de prés et de bois jusqu’à l’horizon, vraiment celà aurait été dommage de prendre l’autoroute.
Le DL ronronne comme un gros chat, stabilisé à 90, constant que ça monte ou ça descende , 90.
A midi et demi , j’ai fait un peu plus de 100 kms, j’ai dépassé Montluçon, je pense qu’il est temps de faire une pause; au prochain troquet je m’arrête .
Deux villages plus loin je trouve un bar ouvert.
“Messieurs…un café siouplè !”
Il fait grand beau temps, je range la veste en George steack avec le fute et savoure mon café .Le patron regarde le DL et lâche “ c’est un lambretta non? “
Exact, je suis étonné, en général c’est plutôt “-Elle de quand votre Vespa ?” et Stypevince grogne..
Café terminé, je reprend mes affaires , me ré-équipe et kick le scoot.
Démarrage impec, deux trois coups de gaz….OK , mais j’entends un tintement métallique, une pièce qui semble battre librement contre une autre. Le bruit et l’expérience ( j’ai eu un LI qui faisait ça dans des temps anciens) je passe la tête par dessus la selle et regarde ma roue arrière. La vis de sécurité de la rondelle de sécu est partie vivre sa vie et la rondelle en question frétille sur l’écrou du moyeu.


Au centre l'écrou maintient le tambour, autour de l'écrou la rondelle canelée qui bloque l'écrou. Au bord droit de l'écrou THE vis de sécu, supposée maintenir la rondelle de blocage

Je cale le scoot , mais à peine contrarié: il fait beau, je me suis arrêté au bon moment avant que la roue se dévisse et parte rejoindre sa copine la vis de sécu, j’ai un kit de sécu complet dans la toolbox et la douille pour resserrer l’écrou. Il me manque juste la loctite que j’ai oublié…mais bon, y’en avait pas en 1969 et ça tenait quand même.
Je serre l’écrou aussi fort que je suis bête, replace une vis de sécu neuve au travers de la rondelle, sans trop de difficulté d’ailleurs. Ca m’a l’air un peu lâche au niveau du filet… bon je vérifierai dans 10 kms.
C’est reparti !
La route est toujours belle et le soleil éclatant, je continue vers le village suivant et à sa sortie je choisi une place à l’ombre pour m’arrêter et contrôler ma roue.
Consternation !!!! Le kit sécu m’a abandonné, il ne reste plus que l’écrou central !
Bon, je revide la boite à gants pour récupérer la douille de 27 et sa barre plus la masse caoutchoutée, et je resserre l’écrou qui commencait déjà à se défaire….
Bien , analysons la situation:
- Plus de kit sécu, l’écrou se dévisse régulièrement
- La probabilité que le moyeu se fasse la belle est quasi certaine, impliquant une bonne gamelle et tout ce que celà veut dire pour le scoot et ma petite personne.
- Si je resserre la roue régulièrement mais un peu trop tard, les canelures de l’axe vont niquer le tambour, qui fera des 8, il faudra alors abandonner l’aventure.
- Nous sommes Dimanche

Voyons les solutions possibles:
- La probabilité de trouver un kit de sécu en France est quasi nulle
- Appeler Wizzard et Stypevince pour récupérer un de leur spare kit? Non ils sont sur l’autoroute, peut être déjà au nord…
- Je n’ai pas vu un Lambret depuis Issoire, les Anglais sont tous sur l’autoroute, les autres sont en remorque et plutôt avec des LD ( donc sans kit de sécu ) et sûrement sur l’autoroute aussi.
- Trouver un garage ouvert et lui acheter une vis en M7 (diamètre assez rare d’ailleurs), ré-usiner la tête au leatherman pour en faire une vis de sécu (il me reste une rondelle de blocage) ? C’est plus qu’ambitieux un Dimanche…
- Trouver un proprio de Loctite qui plus est démontable, sur le bord de la route ou dans un garage, pour au moins sécuriser l’écrou et attendre que celà polymérise bien avant de repartir ? Même tarif que la solution précédente, très improbable.
- Appeler l’assistance et faire rapatrier le scoot et son ex-pilote.

Bon si on regarde objectivement la situation, on peut dire que
1) C’est très dangereux
2) C’est quasi désespéré . En un mot comme en cent : c’est râpé.

Bloqué au milieu de nulle part un dimanche aprèm pour une vis à même pas un Euro !!!
Si seulement je n’avais pas oublié la loctite….Je suis vraiment trop bête. Je ne peux m’en prendre qu’à moi.
J’enrage, finir comme ça…un rallye ridicule jusqu’au bout !

Non ce n’est pas possible. Il n’est pas question de lacher le morceau. J’irais jusqu’au bout, jusqu’à niquer le tambour ou à sentir la roue se barrer mais je continue. Ca passe ou ca casse, mais je ne me rends pas tant que le scoot n’est pas cassé !

Bon y’a pas 36 méthodes , reserrer la roue à fond, rouler 10 bornes max à vitesse mini mini, reserrer la roue à fond, rouler 10 bornes max vitesse mini mini, reserrer la roue à fond, rouler 10 bornes max, et demander à toutes les hypothètiques stations ouvertes ou bricoleurs rencontrés au bord de la route une vis de 7 ou de la loctite… Ca va être long, très long, j’ai pas fini.
Y’a environ 200 km jusqu’à chez moi, je peux compter au moins 20 arrêts resserage minimum avant d’y être, voir plus si 10 km d’intervalles c’est trop….je suis pas couché.

C’est parti. Je roule 8 km à 60 à tout casser et pris par la parano qu’entraine ce genre d’incident je fais un contrôle de serrage sans même arrêté le moulin. L’écrou est bien desserré, je resserre avec la clé et la masse maintenant rangés dans le sac de la roue de secours.
Une voiture s’arrête derrière moi, bleu marine avec des bandes, mais pas vraiment racer.
Gendarmerie Nationale !
“Monsieur ?”
Je me redresse sans doute avec la tête de Gérard lambert qu’on fait suer pendant qu’il répare sa mob.
“- Auriez-vous aperçu un individu d’une vingtaine d’années en blouson noir au bord de la route dans les derniers kms ?
- Heu…Non. Vous ne connaitriez une station ou un garage ouvert dans le coin par le plus grand des hasards?
- Hola, un Dimanche…..non je pense pas. Merci Monsieur , bonne journée !
- Oui, oui… bonne journée..”
Ils s’éloignent et je me rassied sur ma selle pour ré-enclencher la première. Un peu plus loin je rencontre une camionette arrêté au bord de la route marquée “mécanique générale”. Je hèle son propriétaire qu s’active dans un jardin:
“ - Bonjour Mr , auriez des vis en M7 ou du frein filet ?
- Ah non , la camionette est vide j’ai tout laissé au boulot
- Tant pis merci”

The show must go on … Au bled suivant je stoppe à une station service ouverte qui fait également garage. Je m’enquiers auprès de la caissière des pécadilles qu’exigent ma monture pour continuer son chemin.
“ Ah non , le garage est fermé c’est dimanche” me dit-elle sèchement
J’insiste un peu , j’explique que je risque l’accident , je demande au patron qui semble faire les comptes dans le bureau à côté, même réponse agacée . Je suis tellement fatigué que je sors sans même avoir été au moins un peu déséagréable pour marquer le coup. On vieillit .

En face de moi viens de s’arrêter un village people, un vrai ! Le guidon au niveau des oreilles, plus de moucherons sous les bras que sur le phare, des chromes partouts, la trousse à outils SM accrochée au bas de la fourche comme seul bagage, le gilet à franges, les bras nus musclés au hamburger et la bedaine Budweiser assortis à son frigo noirâtre qu’il laisse tourner ostensiblement pour que tout le monde entende bien le V-twin pendant qu’il en descend avec toute la majesté requise.
Je m’arrête un instant pour considérer tout le comique de la situation, d’un côté un DL à la fiabilité plus que remise en question, et de l’autre une moto américaine en parfait état de marche.
J’ai beau regarder, considérer le sujet sous tous les angles, avoir le moral au plus bas , y’a rien à faire: je préfère mille fois pousser mon sèche- cheveu que ça.

A suivre...

Citation :

En face de moi viens de s’arrêter un village people, un vrai !

... sic... si c'est trop dur d'en parler... t'es paZobligé pour la suite !

Excellent épisode que ce dernier !
Vivement le prochain.

Episode VII The return...Peut-être 2ème partie

Je reprend la route , de plus en plus convaincu que je suis pas sorti le cul des ronces.
Village suivant , rien… toujours à 60kmh… suivant rien , puis juste à la sortie un immense garage pour poids lourds .
Au fond de la grande cour je vois que la porte en haut de l’escalier est ouverte : y’a de la vie là dedans !
Je tente ma chance .
En m’approchant du fond de la cour je me frotterai les yeux si j’avais pas l’intégrale et une grosse paire de gants : il y a un Lambretta série III garé à côté d’un camion. Recouvert de bagages, il ne faut pas être grand clerc pour savoir d’où il vient et où il comptait aller. De plus si il est là c’est qu’il est en panne.
Je béquille et monte l’escalier quatre à quatre le coeur plein d’espoir. Dans le bureau un type avec des lunettes discute en anglais au téléphone et repasse le combiné à une dame assise.
Le dialogue s’établit entre nous 3, en Anglais ou en Francais selon à qui je m’adresse. Je vous traduit :
“ - Salut, qu’est ce qui t’arrives ?
- Mon scoot est mort, piston éclaté, embiellage en vrac sur l’autoroute !
- Ah, tu veux que je traduise quelque chose pour toi ?
- Oui, tu peux dire à la Dame…”
Je fais donc l’interprète entre ce scooteriste dans la gêne et la garagiste, beaucoup plus sympa que sa collègue de 10 kms avant . Une fois l’affaire bouclée je demande à mon nouvel ami:
“- j’ai perdu la vis de sécu de ma roue arrière , tu peux me sauver la mise ?
- Heu , je sais plus si j’en ai une…. C’est quoi ton nom au fait ?
- Lord
- Lord ?! mais on se connait, on s’est vu à Wight y’a quelques années” et il soulève ses lunettes.
“- Vic ! Bon sang , quel drôle d’endroit et de situation pour se voir !
- Mon scoot est mort, on va démonter ma vis de sécu et la monter sur le tien !
- OK. Madame vous nous accordé 5 mn pour réparer mon scoot
- Bien sûr “




Le scoot de Vic a déjà vu un peu de pays…( Floppy)

Très gentille cette dame, elle ferme le bureau pendant que nous opérons sur nos trapanelles l’échange voulu. Cinq minutes après, c’est bouclé, la vis a eu du mal à rentrer dans mon tambour, celle là c’est sûr elle va pas se sauver.
Nous échangeons force voeux de bon retour et poignées de mains avec Vic . Rendez-vous est pris pour l’ile de Wight en Aout. Il monte en voiture en me lancant un “ride safe” auquel je répond par un “fly safe” , il rit et la voiture démarre .
Je savoure l’instant. Mon scoot est réparé . Il n’y a plus qu’à rouler.
Deux lambrets passent devant le portail pendant que je range les outils . Il y a moyen de ne pas rouler seul pendant quelques bornes ? On y va.
Je boucle tout, remet mon bomber, mes gants et mon casque. Je kick , ils ont maximum deux minutes d’avance maintenant .
Je reprend la route le coeur alerte et assez sidéré par le surréalisme de la situation .
Alors que tout était quasi perdu, je trouve un scooter naufragé et la salvation auprès de qui ? …un des quelques Anglais que je connais, alors que nous ne nous sommes pas vu depuis au moins trois ans et tout ça pas loin du bord- des- marches-de-nulle-part… Incroyable, il y a bien des dieux pour les scooteristes ! D' ailleurs je ne reverrais aucun garage ou atelier entrouvert par la suite.

Le scooter semble voler sur le tarmac, régime moteur régulier entre 90 et 100, la route défile agréablement entre la verdure et le bleu du ciel . Je continue mon ascencion vers le Nord avec un nouveau pressentiment: mécaniquement il ne se passera plus rien ! C’est une certitude , Lambretta à forte doses donne aussi des sens para-normaux…

Je guette l’horizon pour retrouver les collègues vu tout à l’heure. Je retombe sur eux dans un village.
Une pause plus tard et après avoir échangé quelques mots, nous reprenons la route .
Nous couvrons quelques dizaines de kms ensemble.
En vue de Bourges nous devons nous séparer, n’ayant pas de carte à puce il préfèrent rejoindre l’autoroute pour pouvoir se ravitailler en essence avec du liquide; j’opte pour la traversée du centre Ville.
J’y trouve d’ailleurs une station assez facilement. Mes compagnons de route auraient pu rester, elle est ouverte et avec une caisse.

En rentrant dans la station j’aperçois…..encore un Lambretta !
Oui, mais un LD , sans bagages avec un couple dessus . C’est pas possible, ils ne rentrent pas d’Issoire comme ça et sur un tel engin ?
Arrivé à leur hauteur , je les reconnais: c’est un couple de membres de “Oui-Oui fait du scooter” le club de Bourges. Je comprends mieux, ce sont les locaux de l’étape !
Je souris une fois encore à ce “hasard “ qui me fait croiser un lambret de plus aujourd’hui.
Ils me regardent bizarrement. Mes heures de routes et les péripéties rencontrés m’ont sans doute brouillé un peu le teint, et ma tenue de route a certainement connu des jours meilleurs. A moins que ce soit mon parfum “mélange spécial” qui les intriguent. Ils me reconnaissent cependant. Ils font encore plus les gros yeux quand ils apprennent d’où j’arrive . Le visage du conducteur reflète un certain respect, la passagère quant à elle me prend visiblement pour un malade mental.
Je devise allègrement tout en remplissant mon réservoir d’essence et d’huile. C’est la première sortie de la saison pour leur scoot, il ne pensait pas voir un autre Lambret en vérifiant la pression des pneus…
Des programmes différents nous appellent, et nous nous séparons dès nos tâches effectuées.
J’oblique légèrement vers l’est pour traverser la Sologne en évitant la RN 20.
Je me retrouve alors sur une route assez impressionante, tracée au cordeau au milieu de la forêt et des villages, c’est une ligne droite d’une soixantaine de kms . Au moins sur le plan orientation et topographie c’est pas fatigant. Ca tombe bien car je commence à accuser le coup . Il est 17h passé avec tout ça. Ma moyenne en a pris un sacré coup et il reste un peu plus de 100 kms.
Qu’importe le scoot et le bonhomme sont entiers et il y a toutes les chances de rentrer ensemble à la maison.

Après 50 kils, il y a sur moteur un bruit de plus en plus fort , genre métal qui bat la breloque. Ca vibre et ca tinte tant que ça peut. Sans cesser de rouler j’analyse le bazar. Vu le potin que ca fait, comment ca sonne je vois qu’une seule pièce capable de faire ça….ma coiffe de cylindre a une vie propre !
Les jonctions avec le palier d’allumage à l’arrière ont du claquer et avec les vibrations la fixation principale à la culasse doit se déserrer. Ca fait du raffut, mais la coiffe ne doit pas encore s’être libéré. Je regarderais à ma prochaine halte et maintiens la poignée en position de croisière. 90, un vrai métronome ; avec un sale bruit de feraille mais un métronome.
Quasiment au bout de cette saignée routière je m’arrête dans un village pour trouver ma route, il est temps de changer de cap, et de rejoindre la Loire par un itinéraire de minuscules routes forestières et de bleds. Un bon rallye topo en perspective…

Je dépose les 2 ailes du DL pour aérer un peu le moulin et faire un tour du propriétaire avant d’aller voir la coiffe. Tout à l’air d’être là, je vérifie la fixation de la pipe d’échappement, un coup d’œil au carbu et à l’admission, cherche une éventuelle fuite d’huile sous le scoot. Non tout à l’air OK . Muni d’une clé plate de 13, je passe le bras sous l’échappement, glisse la clé entre le coude d‘échappement et la coiffe de cylindre, accroche l’écrou et teste sa résistance….il est serré. Bon, les jonctions par contre sont bien pétées comme prévu.
Je redémarre , le moteur repart dans un bruit de casserole, c’est bien la coiffe de cylindre. Je repose les ailes , enfile gants et casque et… retour dans l’arène.
C’est une vraie étape de navigation maintenant, des tas de bleds minuscules qu’ils faut traverser, retrouver la bonne « D quelque chose » à la sortie , on continue pendant 5 à 10 bornes et on recommence. La route est bien plus sinueuse, étroite et exclusivement forestière.
A certains endroits la frondaison se referme au dessus de la route et la transforme en tunnel végétal. Une route à conserver pour un éventuel "Canonball" ...
Je suis assez fatigué, trop certainement. Je suis entre 90 et 100 en permanence et j’enquille courbes et virages presque sans ralentir. La route est déserte, mon moteur émet des bruits de plus en plus baltringue.
Trop fatigué, j’ai du mal à rester concentré et je commence à avoir froid, c’est mauvais signe. Je m’arrête au bord de la route, passe ma veste de pluie et prend 10 mn de pause supplémentaires.
Bon allez, c’est pas tout ça faut en finir . Je repars au même régime vers la Loire. Un quart d’heure plus tard, elle est derrière moi et je sens l’arrivée à portée de main. La Lambret semble rouler gaiement vers son paddock, même si elle donne l’impression de cacher un orchestre de musique contemporaine sous ses ailes. J’arrive chez moi dans un tintamarre assez pitoyable, comme si des bouts du DL allaient tomber dès le pied à terre posé .

Il est 19 h, je descend de la Lambretta comme si j’avais trente ans de plus, pose casque et gants, je me retourne et la regarde encore….
On l’a fait !

A suivre

Vous pensiez qu’on s’arrêterait là ? Moi aussi.
Mais il y a encore un épisode… où nous descendrons au garage regarder le vrai résultat de l’opération , nous aurons un appel téléphonique inattendu , nous verrons que le rallye n’est pas terminé finalement, nous ferons encore un peu de tourisme…
Et puis il faudra bien faire un petit bilan de cet Eurolambretta, non ?

Lord Bretta a écrit:

Et puis il faudra bien faire un petit bilan de cet Eurolambretta, non ?

Même si j'ai une petite idée, j'attends la suite...

Rude Rude .... a écrit:

Lord Bretta a écrit:

Et puis il faudra bien faire un petit bilan de cet Eurolambretta, non ?

Même si j'ai une petite idée, j'attends la suite...

Et toi c'est quoi ton bilan ???

Pour notre "NonNonOfficielEuroLambretta" ce fuTop !
(3 amorces de serrage pour le Pe orange/un carbu récalcitrant
pour le sérieII... sinon une belle balade de + de 1000 bornes !)
bon d'accord 2 Pix pour un EuroLambretta > PasClass"

http://mardicestravioli.free.fr/EuroLambretta2006/slides/DSCF3590.html

Episode VIII: the bilan

Une bonne nuit passée , reconditionné et rasé de près, je redescend au garage afin de voir d’un peu plus près ce que raconte le DL après ce week-end et ses 800 kms.
Le bleu enfilé, les ailes déposées, j’allume la baladeuse et m’assied près du marche pied gauche .
Alors le carburateur ? le levier de gaz est en positioin normal, totalement abaissé.
Je le fais jouer deux ou trois fois…parfait. Par curiosité j’ouvre l’essence et recommence l’opération. Au second essai le levier reste bloqué à mi course.
Hmmm……je change la baladeuse de place et tente de voir ce qui se passe derrière le carbu.
Soudain l’explication de mon ralenti fantasque apparait clairement : La goupille de fixation de la tirette d’essence au robinet est déformé et la rotule un poil trop proche du levier de gaz.
Dans une certaine configuration , la goupille retient le levier en position intermédiaire … Jusqu’à Issoire le levier ét ait systématiquement retenu de la sorte , créant ainsi un réglage de ralenti artificiel; et puis en passant ce coupe-vitesse la goupille a changé de position et le ralenti est retombé à son niveau réel. Celà explique aussi le ralenti trop haut à Clermond Ferrand…
Je modifie donc légèrement l’orientation de la rotule de robinet et, la maison ne reculant devant aucun sacrifice, je monte une goupille neuve et plus courte .
Problème 1: réglé .

Dans la foulée je me saisi d’une clé de 13 et teste à nouveau le serrage de la coiffe de cylindre…. Déjà serré à bloc . Bon , je teste la coiffe elle- même : j’arrive à la faire brinquebaler d’une seule main . Là , y’a un truc !
Je passe de l’autre côté du scoot pour regarder l’écrou de serrage en même temps que j’agite la coiffe .
Ca y est,j’ai compris , trente sept ans de vibrations ont fait leur effet . L’écrou et sa rondelle sont on ne peut mieux fixés, mais le métal s’est découpé gentiment tout autour de la rondelle. Il semble que le cisaillement s’est fait en biais, si bien que la partie fixée sous la rondelle empêche encore la coiffe de passer au dessus de l’écrou et de battre librement la chamade, mais pas de vibrer et tourner autour du cylindre.
Bon ben……on va démonter hein ?
Pour ceux qui ne possèdent pas de Lambret rappelons ce que veut dire tomber la coiffe de cylindre. Vous imaginez que c’est un peu comme sur vespa, on enlève la bougie, on défait les fixations arrière et l’écrou à la culasse et hop. Oui c’est un peu comme ça.
On enlève la bougie effectivement, puis on tombe la marmite d’échappement . Ceci fait on desserre le coude d’échappement. Ce dernier tombé, on démonte …l’amortisseur arrière pour incliner le moteur vers le bas. On peut enfin enlever l’écrou de fixation et retirer la coiffe délinquante.
L’écrou , sa rondelle et le métal qui est en dessous restent solidaires, au moins c’est clair. Quelques éclats de métal tombent au sol.
Un examen même rapide de la coiffe me montre qu’on peut maintenant passé le pouce au travers du logement de l’écrou…forcément elle va beaucoup moins bien fonctionner maintenant …
Y’a plus qu’à retrouver une autre coiffe .
Problème 2 : Vu.
( Quelques jours plus tard je ferai finalement ressoudé une grosse rondelle à la brasure à l’endroit incriminé, redonnant à l’ensemble un maintien depuis longtemps oublié.).

C’est pas tout ça mais il est temps de manger . Je rejoins ma petite famille pour un repas bien mérité après ses quatre jours d’absences . Des odeurs pour le moins attrayantes s’échappent de la cuisine quand le téléphone sonne .
“- Allo ?
- Lord ? Stype à l’appareil.
- Ca va ?
- Pas mal, on est à Meung sur Loire en train de déjeuner
- Bien, que puis-je pour vous ?
- Wizzard a un soucis d’allumage, il soupçonne le régulateur, t’en aurait pas un d’avance ?
- Heu… non je crois pas…. Attends j’en ai un sur un moulin de PeuX qui traine, je peux le démonter si besoin ?
- Ben … ca nous arrangerait bien .
- D’ac je déjeune vite fait et je vous apporte ça.
- Super , on est à côté d’une halle assez ancienne .
- OK, à toutes.”
Je repose le téléphone et lance à la cantonnée :
“ Ca te dirai d’aller faire un tour avec la petite à Meung ?”
Nous déjeunons assez rapidement et tandis que Lady Bretta prépare l’héritière pour la promprome, je descend au garage. En quelques secondes le régulateur est tombé.
Bon , problème d’allumage il m’a dit….je vais prendre une boite à outils…un arrache volant aussi…. un bloque volant aussi tiens… et puis un fer à souder ca peut pas encombrer….quoique un multimètre ca fait pas de mal non plus.
Lady Bretta demande :
“ On prend l’appareil photo ?
- Plutôt deux fois qu’une !”
Voitures chargé avec poussette, Bébé, sac d’affaires pour Bébé , caisse métallique d’affaires pour scooteristes, nous partons pour notre promenade inattendue.
A Meung nous retrouvons Stype et Wizzard à l’endroit indiqué. Il fait grand beau temps et Stype me raconte leur voyage retour tandis que je décharge la voiture.
Je passe la grosse boite à outils à Wizzard en lui disant tout ce qu’il y trouvera pour son problème. Il exprime sa satisfaction par un “Mmm, mmm “.
Je m’assieds et continue à écouter Stype tandis que Wizzard attaque le Golden.


Meung sur Loire, sa Halle ancienne, son château, ses Lambrettas

Un vrai show, test croisé de régulateur, contrôle au multimètre, repose ancien régul, dépose volant magnétique, examen stator, la totale .


Bossuet disait:"Il y a des circonstances dans la vie , ou un homme tel qu'intelligent qu'il soit, obtempère à des raisons qui bien qu'aléatoires n'en possèdent pas moins une valeur intrinsèque et absolu dont il importe de tenir compte pour juger impartialement les choses" .
Wizzard dit " Passe moi le marteau."

Après une demi-heure Wizzard lâche laconiquement:
“- Bon , y’a rien à faire…. Ça vient du plateau….le capteur peut-être…
- On fait quoi ?”
Comme il y des dieux pour les scooteristes, j’ai un ami qui habite justement cette charmante bourgade.
Je marche jusque chez lui afin de demander l’autorisation d’y laisser le Golden le temps que Wizzard revienne le chercher.
15 mnplus tard je suis de retour avec la bonne nouvelle escomptée. Wizzard poussera donc le scoot jusqu’à la maison de mon ami et il rentrera à l’arrière du DL de Stype.
Tandis que nous rangeons le matériel une voiture arrive sur la place, s’arrête, et en descend …M. De passage pour rentrer chez lui il a décidé de couper par les petites rues.
Voilà une panne qui décidément ne pourra pas passé inaperçu. Autant de scooteristes au même endroit , on se croirait presque à un rallye Français.
Tout le monde est d’excellente humeur et l’évènement est plutôt pris à la rigolade, surtout qu’au final ça se goupille quand même pas trop mal.


Wizzard, un professionel au service de la qualité

Nous déposons le Golden et comme j’annonce que je vais prendre une photo de leur départ pour les archives, Stype ditque je n’en aurait pas le temps . Ils se précipitent vers le DL avec Wizzard , démarrent et me prennent ainsi de court.
Voilà , ils sont partis… Nous sourions avec Lady Bretta et nous apprêtons à repartir quand …j’entends un bruit familier….un moteur de Lambret !
Stype ne connait pas le bled et de petite rue en ruelle, il redébouche sur la place. Cette fois il est trop tard, mon appareil est en position et je les immortalise malgré le fou rire que j’ai du mal à contenir.



Stypevince accélère pour échapper à l’objectif , tandis que Wizzard est hilare dans son intégral .

Ce coup ci, le rallye est vraiment fini…

Epilogue

J’espère que ce feuilleton vous aura amusé . Il m’a permis de revivre au fil des heures d’écriture le rallye une seconde fois , et j’ai tendance à croire que dans 10 ou 20 ans il m’amusera encore plus si je le relis avec les acteurs cités.
La conclusion de tout cela, c’est que l’aventure est au bout du chemin, il faut profiter de notre passion pleinement . Nous sommes certainement des dinosaures, aussi roulons et voyageons ensemble tant que c’est possible, apprécions chaque instant de ce qui est plus qu’un goût pour un type de véhicule ou une marque, c’est notre façon de vivre !


Il est temps également de faire un bilan de ce Jamboree.
Pragmatiquement faisons un petit tour des Plus et des Moins de cette manifestation, classés respectivement dans l’ordre décroissant de criticité

Les plus :
- Un campsite sympathique, avec des sanitaires très bien, facile à trouver. De l’espace, pas de promiscuité excessive.
- Petit déjeuners copieux et très bien organisés
- Un accueil assez bien structuré et rapide le vendredi aprèm , avec plusieurs points d’ accueils et des membres du LCF réussissant à communiquer en plusieurs langues, au moins pour les questions basiques.
- Un site de pique-nique très agréable avec une vue magnifique
- Une Ballade assez bien organisée, même si un peu longue aux dires de beaucoup.

Les moins:
- Pas de stands de pièces détachés
- Aucune structure prévue pour aider le lambrettiste en difficulté, ni table , ni outil, ni abri. En fait le scooteriste venu sur son Lambretta a été systématiquement ignoré.
- Un accueil fermé le Samedi, si bien que les arrivants n’ont pu avoir leur bracelets et ont été refoulés au gala le soir, entrainant des discussions sans fin et pas mal de tensions.
- Un “dealer village“ entièrement vide
- Pas de lieu abrité (ex barnum ) ni de bar pour que les gens se réunissent sur ou à coté du campsite ( les clubs ont vendus par exemple leur souvenirs séparés les uns des autres devant leur tentes sur la campsite, heureusement il ne pleuvait pas..)
- Pas d’informations claires pour le diner de Gala avant la dernière minute
- Pas de transport prévu pour que les participants aillent au gala ( c’est finalement un bus trouvé par le club de Liverpool qui sera réquisitionné pour l’occasion)
- Un diner de Gala situé à 3,5 kms (mesure officielle par le LCGB) du campsite
- Des animations calamiteuses, qui ne font nul honneur à notre pays et servent la soupe aux clichés les plus ridicules des pires navets US.
- Un campement ferme du LCF sur ses positions et sa vision du scooterisme, malheureusement à milles lieues de la réalité de la scène.
- Un “service d’ordre” un peu trop expensif au diner de gala, aboutissant à facherie de plusieurs clubs.
- Une nourriture des plus médiocre au gala de ce jamboree Français et pas une seule bouteille de vin offerte aux participants.
- Un goodies bag ridicule, dont le souvenir phare est un porte-clé.

Le constat final sur le rallye lui-même est donc assez amer . Le compte rendu paru dans le journal du Lambretta club de Grande Bretagne ( LCGB) titre même “Eurolambretta 2006, c’est mieux de voyager que d’y arriver”.
Les 90 euros engagés par participants ont visiblement été mangés par des frais liés à l’infrastructure, pas forcément nécessaires ( scène extérieure pour le “concert rock” du vendredi soir, société de sécurité pour sécuriser un parking scooter hors du site, etc…) et des animations inadaptés et beaucoup trop envahissantes .
L’absence de lieu de rencontre convivial sur le campsite a certainement arrangé les bars et boites de nuit d’Issoire, mais l’esprit de rencontre du Jamboree y a perdu d’autant.

Le constat est d’autant plus désagréable que plusieurs mois auparavant , des lambrettistes divers (Nantes, Rennes, Chartres, Orléans) avaient proposés leur aide tant pour l’organisation et l’animation de la soirée, que pour l’accueil des participants ou la gestion du stand technique /dépannage. Toutes les propositions et conseils (ex le stand technique) ont été systématiquement déclinées et ignorées par le LCF.
Il n’a donc pas que des erreurs ( ce qui peut arriver à tout le monde ) mais surtout beaucoup de choix affligeants pris en connaissance de cause !

Je ne puis finir sans citer cette phrase savoureuse d’un dirigeant du LCF, à qui un Lambrettiste Français indiquait qu’un atelier était indispensable pour accueillir les scooteristes Européens venus par la route :
« Si leurs scooters tombent en panne c’est qu’ils sont mal entretenus ! »

n'y a t'il pas eu un acceuil parralèle , ce que d'aucuns apellent "pirate" ????